Depuis 2023, le gouvernement français a promis de rembourser les protections menstruelles réutilisables pour les jeunes de moins de 26 ans. Pourtant, deux ans après cet engagement, le décret d’application se fait toujours attendre, suscitant l’impatience et le mécontentement des acteurs concernés.
Élia, une société française commercialisant des culottes menstruelles, a pris l’initiative de rappeler cet oubli au gouvernement. Les cofondatrices ont adressé une lettre à François Bayrou, exprimant leur frustration face à l’inaction prolongée. Cette communication exprime un sentiment partagé par de nombreux professionnels du secteur.
En 2023, le gouvernement, sous l’égide du Premier ministre Élisabeth Borne, avait annoncé cette initiative. Il avait promis le remboursement des coupes et culottes menstruelles pour les jeunes et les bénéficiaires de la protection complémentaire en santé. En dépit de l’annonce initiale, ce projet n’a toujours pas vu le jour, et les nouvelles promesses gouvernementales restent sans suivi concret.
Un retard qui soulève des inquiétudes
Pour Élisabeth Borne et son équipe, la mise en place de cette mesure devait soulager les jeunes en situation de précarité menstruelle. Pourtant, plusieurs mois après une nouvelle confirmation de l’échéance, aucun acte concret n’a été entrepris. La communauté des professionnels s’interroge : à quand la mise en œuvre effective de ce remboursement ?
Les responsables d’Élia expriment leur crainte de voir ce projet être encore repoussé à cause des contraintes budgétaires. À l’heure actuelle, plus de 60 % des femmes en France ont déjà utilisé des protections menstruelles réutilisables, soulignant le besoin urgent de régulariser cette promesse.
L’impact de la précarité menstruelle
La précarité menstruelle concerne des millions de femmes en France. Elle affecte gravement la santé et l’insertion sociale des jeunes femmes. Abandonner la promesse de remboursement reviendrait à ne pas valoriser l’engagement de justice et de dignité pris par le gouvernement et reconnu par le Parlement.
Marion Goilav, cofondatrice d’Élia, souligne qu’une telle mesure est cruciale pour de nombreuses jeunes femmes. Elle appelle à une conscientisation accrue des enjeux de la précarité menstruelle et à des actions rapides pour pallier ce problème.
Des questions sans réponses
Nombreuses sont les incertitudes entourant ce potentiel remboursement. À ce jour, les professionnels s’interrogent : quelles seront les normes de qualité appliquées ? Quelles seront les modalités exactes de remboursement ? Ces réponses, toujours en suspens, ajoutent à la frustration déjà présente dans le secteur.
En France, environ quatre millions de femmes vivent encore en situation de précarité menstruelle, utilisant souvent des produits inadaptés ou trop coûteux pour leur budget.
Le coût estimé pour la mise en place du remboursement des protections réutilisables est d’environ 150 millions d’euros par an, une somme perçue comme gérable au vu de l’impact positif attendu.
Une attente qui persiste
Alors que le gouvernement se débat avec des priorités budgétaires, le temps presse pour bon nombre de femmes en attente de cette réforme. L’engagement de 2023 devra se transformer en réalité pour véritablement changer la donne et apporter une aide essentielle à celles qui en ont le plus besoin.
Le secteur des protections périodiques, représenté par une trentaine de sociétés, espère voir ce projet aboutir afin d’améliorer la vie de millions de femmes et réduire les inégalités liées à la santé menstruelle.
Finalement, cette situation met en exergue la nécessité d’un suivi rigoureux des engagements politiques, surtout lorsqu’ils concernent des questions essentielles comme la santé et le bien-être des citoyennes. Le gouvernement a entre ses mains une opportunité de mener une action significative et attendue depuis trop longtemps.