Les cigarettes électroniques jetables, communément appelées puffs, bien que leur vente soit interdite en France depuis plusieurs mois, continuent d’inonder le marché clandestin. Ce phénomène soulève des questions essentielles sur l’application de la loi et démontre la nécessité de surveillances renforcées pour éradiquer cette pratique illégale.
Un accès facilité malgré l’interdiction
Depuis l’interdiction officielle des puffs en France au mois de février dernier, leur présence sur le marché n’a fait que croître. Les adolescents, principaux consommateurs de ces cigarettes électroniques aux arômes sucrés, parviennent à s’en procurer via des épiceries, des boutiques de vapotage et, en ligne. Dans une petite épicerie de Houilles, une commune des Yvelines, de nombreux jeunes continuent à chercher et trouvent leur bonheur malgré la réglementation.
Bien que les agents de la DGCCRF aient inspecté plus de 160 établissements, les résultats révèlent que bon nombre de ces magasins continuent à défier l’interdiction. Les vendeurs, peu dissuadés par les contrôles sporadiques, estiment courir des risques minimes et haussent les épaules face aux mesures prises par les autorités.
Une menace sanitaire et écologique
Les puffs, souvent accusées d’inciter les jeunes au tabagisme, représentent également un problème environnemental majeur. Leur production massive et leur vente abusive contribuent à un désastre écologique notable. En effet, le plastique des dispositifs jetables et les batteries au lithium finissent invariablement dans les décharges, augmentant la pollution déjà préoccupante.
La facilité avec laquelle les adolescents continuent d’accéder à ces produits interdits prouve que la politique actuelle manque d’efficacité. Pour Lisa, une lycéenne de 17 ans du Pas-de-Calais, trouver ces puffs s’avère être un jeu d’enfant, que ce soit dans les petites épiceries du coin ou à travers des réseaux d’approvisionnement cachés sur les réseaux sociaux.
Un marché noir florissant
Internet joue un rôle crucial dans cet écosystème de marché noir. Les ventes en ligne, souvent organisées via des plateformes de messagerie privées telles que Snapchat, permettent à des milliers de jeunes d’acheter ces puffs directement depuis chez eux. Marine*, une étudiante à la faculté de Nanterre, témoigne de la simplicité avec laquelle elle peut passer commande sans quitter son domicile.
Ces réseaux ne se cachent pas, pourtant les sanctions restent rare et peu sévères. Un sentiment d’impunité règne, permettant à ce commerce illégal de prospérer. Amélie Eschenbrenner, responsable de la communication pour le Comité national contre le tabagisme (CNCT), appelle à des contrôles renforcés et à des sanctions exemplaires pour dissuader les infractions.
Des produits de substitution
La pression pour contourner la loi a également stimulé la création de nouveaux produits. Les magasins proposent désormais des versions dites ‘rechargeables’ qui échappent aux réglementations actuelles. Ces cigarettes électroniques permettent de remplacer uniquement la cartouche usagée, mais la structure même de ces accessoires assure néanmoins une certaine pérennité à l’offre de puffs sous une autre forme.
Alors que certains essaient de présenter ces puffs rechargeables comme une alternative plus durable, en réalité, ils posent le même risque potentiel d’incitation au tabagisme et de pollution environnementale.
Actions à envisager pour l’avenir
Le CNCT insiste sur la nécessité d’une révision complète de la réglementation et appelle à une plus grande coopération entre les autorités et les distributeurs pour imposer des mesures plus strictes. Selon les experts, il est impératif d’appliquer de nouvelles stratégies incluant la limitation du nombre d’arômes disponibles et l’imposition d’un emballage neutre pour contenir ce marché qui échappe à tout contrôle.
L’unique voie pour véritablement endiguer cette crise semble être une répression sévère des ventes illégales parallèlement à une éducation intensive des jeunes concernant les dangers des puffs et autres produits de vapotage. Sans quoi, l’interdiction restera lettre morte, et ces cigarettes électroniques continueront de prospérer en marge de la loi.
*Les prénoms ont été modifiés pour protéger la vie privée des témoins.