Le dioxyde de titane, connu pour ses propriétés opaques et blanches, a longtemps été utilisé dans une multitude de produits quotidiens allant des cosmétiques aux aliments. Cependant, sa détection récente dans le lait, y compris le lait maternel, a provoqué une onde de choc parmi les experts en santé.
Un danger potentiel révélé par les études
Des chercheurs de l’INRAE, de l’AP-HP et du CNRS ont récemment publié une étude dans la revue Science of the Total Environment, mettant en lumière la présence de dioxyde de titane sous forme de nanoparticules dans plusieurs types de lait. Ce constat est préoccupant car cette substance est classée comme cancérogène potentiel par inhalation par l’OMS. Les méthodes d’analyse ont révélé une contamination systématique, les laits infantiles et animaux n’échappant pas à cette réalité.
Des chiffres alarmants
Selon l’étude, entre 6 millions et 3,9 milliards de particules de titane ont été trouvées par litre dans le lait infantile. De même, les laits animaux contiennent entre 16 et 348 millions de particules par litre. Il est important de noter que l’ensemble des échantillons testés, qu’il s’agisse de produits biologiques ou conventionnels, étaient affectés. De manière encore plus inquiétante, les laits maternels analysés, issus de dix femmes résidant à Paris, affichent également cette contamination avec des taux variables.
Impacts sur la santé et les nourrissons
La présence de ces particules dans le lait maternel démontre une capacité à franchir la barrière de la glande mammaire, une nouvelle source de préoccupation pour les mères allaitantes. Des études antérieures ont déjà prouvé le passage des nanoparticules de dioxyde de titane à travers le placenta, soulignant un risque potentiel pour le développement du fœtus et du nouveau-né lorsqu’il est exposé à cette substance via l’allaitement ou des laits artificiels.
Un contexte réglementaire contraignant mais inefficace?
En réponse aux inquiétudes sanitaires, la France a interdit l’utilisation du dioxyde de titane en tant qu’additif alimentaire sous la forme d’E171 en 2020, suivi par l’Union européenne en 2022. Cependant, ces mesures de précaution semblent n’avoir qu’un impact limité, comme en témoigne la contamination toujours présente du lait
La nécessité d’approfondir les recherches
Les auteurs de l’étude soulignent l’urgence d’investiguer les sources potentielles de contamination non alimentaire. Ils appellent à une évaluation plus extensive de l’exposition environnementale au dioxyde de titane pour en comprendre l’impact sur les êtres vivants. Cette évaluation pourrait être cruciale pour déterminer des stratégies efficaces afin de réduire l’exposition de la population, en particulier des groupes les plus vulnérables comme les nourrissons et les mères en période de lactation.
Les futures enquêtes doivent également examiner de près les effets de l’exposition continue à ces particules sur le long terme. Établir les niveaux de risque associés à cette exposition pourrait modifier nos pratiques de consommation et influencer la réglementation future concernant cette substance controversée.