Les marathons sont souvent célébrés comme des symboles de santé et de détermination personnelle. Pourtant, une récente étude menée par l’Inova Schar Cancer Institute de Virginie, aux États-Unis, remet en question cette vision idyllique. Selon cette recherche, les coureurs de marathons et d’ultramarathons pourraient présenter un risque accru de développer certains types de lésions précancéreuses du côlon. Une découverte qui appelle à la prudence et à la mise en place de stratégies de dépistage adaptées pour cette population particulière.
Les limites d’une pratique intensive du sport
L’activité physique est généralement associée à de nombreux bienfaits pour la santé, notamment une diminution du risque de développer divers cancers. Toutefois, cette étude menée aux États-Unis souligne que la pratique intense de la course, particulièrement le marathon, peut s’accompagner de pièges. En analysant un groupe de 100 marathoniens âgés de 35 à 50 ans, les chercheurs ont découvert que 50 % d’entre eux présentaient des polypes, des formations qui, chez certains, peuvent évoluer vers des adénomes précancéreux. Notamment, 15 % des participants présentaient ces adénomes avancés, un chiffre alarmant compte tenu de la jeune tranche d’âge des sujets de l’étude.
Une population à risque spécifique
Les participants, malgré leur bon état de santé apparent et l’absence d’antécédents familiaux de cancer colorectal, ont montré des signes inquiétants lors des coloscopies effectuées dans le cadre de l’étude. Cette découverte remet en question les idées reçues sur l’implication exclusive des antécédents familiaux et de l’âge dans le risque de développer un cancer colorectal. Les résultats suggèrent que l’intensité et la fréquence de l’activité physique pourraient jouer un rôle dans l’élévation du risque.
Ces données mettent en lumière l’importance d’examiner non seulement le niveau général d’activité physique chez les individus, mais aussi la nature et l’intensité de cet exercice. En d’autres termes, il ne suffit pas de pratiquer un sport pour assurer sa santé colique ; le type et l’intensité de l’exercice doivent être pris en compte.
Quelques hypothèses pour expliquer le phénomène
Parmi les pistes de réflexion évoquées par les chercheurs, une en particulier attire l’attention : la diminution du flux sanguin vers les intestins lors de courses d’endurance intenses. Ce phénomène pourrait provoquer, chez certaines personnes, des inflammations chroniques, elles-mêmes susceptibles de favoriser l’apparition de tumeurs. Par ailleurs, les troubles digestifs parfois observés chez les marathoniens pourraient eux aussi contribuer à ce risque accru de lésions au niveau du côlon.
Au-delà des simples chiffres, ces résultats rappellent que notre connaissance de la relation entre activité physique intense et santé colique reste limitée, nécessitant davantage de recherches pour éclairer cette zone d’ombre.
Des dépistages pour les marathoniens ?
En réponse à ces résultats préoccupants, les chercheurs recommandent d’envisager des stratégies de dépistage spécifiques pour les coureurs de marathon. Actuellement, le dépistage systématique du cancer colorectal est généralement conseillé à partir de 50 ans. L’étude suggère que pour les marathoniens, cette recommandation pourrait nécessiter une révision, afin d’identifier plus précocement les individus à risque.
L’étude, bien qu’elle ait été présentée à une conférence réputée, n’a pas encore été validée par les pairs, et les chercheurs eux-mêmes reconnaissent la nécessité d’études supplémentaires pour confirmer ces premiers résultats. Néanmoins, ces découvertes sont déjà suffisamment alarmantes pour provoquer un débat au sein de la communauté médicale et chez les sportifs concernés.
En conclusion
Les résultats de cette recherche ne doivent pas être interprétés comme une mise en garde globale contre le marathon mais plutôt comme un appel à la vigilance. Il semble crucial de réévaluer les risques potentiels liés à l’intensité des exercices physiques pratiqués à haute fréquence. Les marathoniens, notamment, pourraient bénéficier de conseils médicaux adaptés et de dépistages réguliers afin de prévenir les complications potentielles. Les recherches futures pourraient éclairer la communauté sportive sur les meilleures pratiques à adopter pour allier santé et passion sportive.