Ce mardi a été marqué par une mobilisation historique dans les rues de Paris. Psychologues, infirmières scolaires et assistantes sociales ont uni leurs forces pour faire entendre leurs voix. Rarement ces professions ont défilé ensemble, mais les récentes annonces du gouvernement concernant la santé scolaire ont provoqué une réaction collective, signant une première intersyndicale.
Une mobilisation sans précédent
Selon Saphia Guereschi, secrétaire générale du Syndicat national des infirmiers conseillers de santé (SNICS), cette mobilisation intersyndicale est une première dans le secteur. Des délégations de toutes les académies ont convergé vers la capitale, exprimant leur mécontentement devant les réponses jugées insuffisantes aux besoins pressants des établissements scolaires.
Cette manifestation fait suite aux Assises de la santé scolaire organisées par le ministère de l’Éducation nationale. Celles-ci se sont conclues par des mesures annoncées mi-mai, parmi lesquelles la création de 100 postes de conseillers techniques en santé mentale, destinés à chaque département. Par ailleurs, une « analyse personnalisée de la situation de santé » des élèves a été proposée, mais sans engagement sur le renforcement des effectifs directs dans les écoles.
Des professions essentielles en mal de reconnaissance
Les représentants syndicaux estiment que le gouvernement passe à côté des véritables enjeux en se contentant de solutions temporaires. La proposition de renforcer les pôles départementaux au détriment des effectifs sur le terrain est perçue comme un cache-misère. Pour ces professionnels, il est nécessaire d’écouter les élèves et d’analyser leurs besoins directement au sein des établissements afin d’agir efficacement.
Actuellement, le nombre d’infirmières dans les établissements est de 7 800, alors qu’elles devraient être plus de 15 300 pour une couverture optimale, soit une infirmière pour 500 à 600 élèves. Les assistants sociaux et psychologues, également en nombre insuffisant, participent eux aussi à la demande de renforts humains substantiels.
Les implications d’un soutien insuffisant
La situation est telle que chaque professionnel doit couvrir un trop grand nombre d’élèves, rendant difficile un suivi personnalisé. Le récent drame survenu dans un collège de Haute-Marne où une surveillante a été tuée par un élève rappelle brutalement les conséquences du manque de ressources. Les jeunes, souvent en grande souffrance, peuvent manifester des comportements agressifs non détectés faute de personnel suffisant.
Face à ce drame, Saphia Guereschi souligne la nécessité d’une écoute attentive et d’un climat de confiance au sein des établissements. Elle appelle non seulement à une augmentation des effectifs mais aussi à une révision de l’approche gouvernementale envers la santé en milieu scolaire.
Vers un dialogue constructif ?
Les syndicats espèrent désormais être entendus par le gouvernement et envisagent de nouvelles actions si leurs demandes demeurent infructueuses. La question reste de savoir si cette mobilisation inédite incitera le ministère à engager des réformes plus ambitieuses.
Au cœur de cette contestation, il y a la conviction que chaque élève mérite un accompagnement personnalisé qui ne peut être pleinement réalisé que par la présence de professionnels en nombre adéquat. En se dressant ensemble, ces corps de métiers souhaitent faire reconnaître leur rôle essentiel et impulser des changements structurels pérennes.
En terme de prochaines étapes, ils envisagent de maintenir la pression via d’autres formes de mobilisation et de tenter d’ouvrir un dialogue avec les instances concernées. L’enjeu est de taille : assurer une couverture santé scolaire capable de répondre aux défis actuels et futurs.
Une mobilisation qui interpelle
Ce rassemblement trouve un écho particulier dans un contexte national marqué par plusieurs réformes sociales et éducatives controversées. Il pose la question de la responsabilité et des priorités gouvernementales, engageant un débat sur l’avenir de la santé à l’école.
Les intervenants espèrent que cette nouvelle dynamique pourra aboutir à des améliorations concrètes pour tous les élèves et faire de l’école un lieu sûr et bienveillant pour les jeunes générations. Face aux enjeux, un engagement fort est requis pour pallier les carences actuelles et prévenir de futures tragédies.