En 2024, une enquête menée par Santé publique France a dressé un état des lieux concernant les infections associées aux soins et l’utilisation des traitements anti-infectieux dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Cette étude constitue un point d’ancrage essentiel pour comprendre les évolutions depuis 2016 et mettre en lumière les progrès ainsi que les défis restant à relever dans le cadre du réseau européen (ECDC).
Coordonnée au niveau national par Santé publique France, en partenariat avec le Réseau de prévention des infections et de l’antibiorésistance (RéPIA), l’enquête a impliqué les Centres d’appui pour la prévention des infections associées aux soins (CPias) et les centres régionaux en antibiothérapie (CRAtb).
Baisse des infections: Un progrès notable
Les résultats de 2024 témoignent d’une baisse notable de la prévalence des infections associées aux soins (IAS) par rapport à l’année 2016. Le pourcentage de résidents touchés par une IAS a chuté à 2,35 %, contre 2,93 % en 2016. Cela signifie qu’environ un résident sur quarante présentait une infection à une date donnée en 2024. Ces progrès traduisent des efforts de gestion efficaces et une meilleure sensibilisation aux mesures préventives.
En 2024, 2 652 infections ont été documentées, les plus courantes étant respiratoires (36,2 %), urinaires (31,7 %), et cutanées (25,8 %). Les infections urinaires ont le plus souvent été causées par les germes Escherichia coli, Proteus mirabilis, et Klebsiella pneumoniae.
Usage des antibiotiques : Un taux stable mais une vigilance de mise
En ce qui concerne les traitements antibiotiques, la prévalence des résidents traités par antibiotiques est demeurée relativement stable, atteignant 2,87 % en 2024, légèrement supérieure aux 2,76 % de 2016. Cette stabilité invite à une plus grande vigilance particulièrement dans les Ehpad qui manquent de procédures de réévaluation de l’antibiothérapie, d’accès à un référent en antibiothérapie et d’expertise en hygiène.
La majorité des antibiotiques sont administrés par voie orale (86 %) avec une augmentation notable des prescriptions prophylactiques, passant de 13,6 % en 2016 à 22 % en 2024. Malgré ces observations, la réévaluation des traitements dans les trois jours reste faible, soulignant la nécessité d’améliorer les pratiques de suivi.
Améliorer la prévention et l’usage des antibiotiques
Les recommandations tirées des données de l’enquête 2024 visent à renforcer la prévention du risque infectieux. Il est essentiel de formaliser et d’implémenter une procédure stricte de réévaluation des traitements antibiotiques. Un accès amélioré à une expertise en hygiène et un référent en antibiothérapie dans chaque Ehpad apparaissent également comme des axes prioritaires.
Parmi les actions déterminantes figurent la documentation accrue des infections par des tests microbiologiques, l’évaluation rigoureuse des prescriptions antibiotiques prophylactiques, et la limitation prolongée de la durée des traitements curatifs, suivie d’une réévaluation systématique dans un délai de trois jours.
Vers une action concertée et adaptée
Les résultats de l’enquête appellent à une mobilisation des professionnels de santé dans les Ehpad ainsi qu’une sensibilisation accrue des prescripteurs sur le bon usage des antibiotiques. Les actions doivent être adaptées au niveau régionalement, en tenant compte des spécificités locales concernant les prévalences des résidents infectés et traités.
Ces efforts concertés permettront à terme de sortir renforcés des observations de l’enquête, pour garantir une meilleure sécurité des soins fournis aux personnes âgées dépendantes, réduire le recours inutile aux antibiotiques et prévenir le risque infectieux avec plus d’efficacité.