Face à la montée des inquiétudes sanitaires, un groupe de médecins et chercheurs alerte sur l’utilisation du solvant hexane dans l’industrie agroalimentaire. Ce composé chimique, majoritairement employé pour l’extraction des huiles végétales, représente un risque avéré pour la santé, justifiant l’appel à une régulation plus stricte, voire son interdiction.
Les dangers de l’hexane pour la santé
L’hexane est issu de la distillation du pétrole et se trouve couramment utilisé dans l’extraction d’huiles comme celles de soja, tournesol, et colza. Considéré comme un neurotoxique, il est également suspecté d’être un perturbateur endocrinien. Ce solvant agit en perturbant le système nerveux, avec des effets potentiels sur la santé reproductive tant chez les hommes que chez les femmes.
Une exposition inquiétante
En France, les maladies neurodégénératives et les troubles endocriniens, tels que l’obésité infantile et l’infertilité, sont en augmentation. Les experts pointent du doigt l’exposition chronique à des substances toxiques comme l’hexane. Jean-Louis Dufloux, président de France Parkinson, et d’autres figures de la santé publique soulignent l’urgence de réduire cette exposition pour protéger les générations futures.
De plus, la chronicité de l’exposition à l’hexane peut entraîner des dommages irréversibles du système nerveux périphérique. En 2014, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a affirmé que cette exposition peut causer des polynévrites et évoluer vers des paralysies. En 2024, l’Agence européenne des produits chimiques a reclassé l’hexane en tant que neurotoxique avéré.
Appels à une réglementation renforcée
Le récent rapport de Greenpeace a mis en lumière la présence de résidus d’hexane dans 36 produits alimentaires testés. Bien que les quantités détectées soient en dessous des seuils réglementaires, Greenpeace argue que ces seuils, établis sur des données anciennes fournies par les industriels, sont désormais obsolètes et non contraignants. L’ONG préconise l’interdiction de l’hexane en faveur d’alternatives biodégradables et non toxiques, utilisées notamment dans l’agriculture biologique.
Des solutions alternatives
Des solutions existent pour se passer de l’hexane. L’adoption de méthodes d’extraction mécaniques ou utilisant des produits biosourcés pourrait remplacer l’hexane sans compromettre la qualité des huiles végétales. Ces alternatives, plus respectueuses de l’environnement et de la santé humaine, pourraient bénéficier d’un soutien accru de la part des pouvoirs publics.
La révision des normes européennes est également en cours. En mai, la Commission européenne a chargé l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) de réévaluer la sécurité de l’utilisation de l’hexane dans l’industrie agroalimentaire. Cette réévaluation est d’autant plus cruciale qu’elle précède une mission parlementaire en France visant à mieux encadrer ce solvant dangereux.
Conclusion : une urgence sanitaire à prendre au sérieux
L’alerte lancée par les médecins et scientifiques sur les dangers de l’hexane mérite une attention urgente. La santé publique passe par une alimentation dépourvue de composés chimiques dangereux. La réglementation européenne et nationale doit évoluer pour interdire l’usage de l’hexane ou, à tout le moins, en réduire drastiquement l’exposition dans notre alimentation quotidienne.
En somme, face aux risques pour la santé liés à l’hexane, une mobilisation collective est nécessaire. Seul un changement de paradigma dans les pratiques industrielles et réglementaires permettra de garantir la sécurité alimentaire et, par extension, la santé publique en France.