Face aux réformes proposées qui touchent leurs honoraires, les médecins libéraux en France sont en état d’alerte. En effet, près de 1 500 médecins issus des cliniques privées, principalement des chirurgiens, anesthésistes et gynécologues, menacent de fermer leurs blocs opératoires et de s’exiler symboliquement à Bruxelles pour manifester leur mécontentement au début de l’année 2025. Cette action spectaculaire fait suite à un projet de loi portant sur le financement de la Sécurité sociale qui pourrait impacter leurs revenus.
L’inquiétude grandissante chez les médecins libéraux
Le projet de loi en question inclut un article qui permettrait au gouvernement d’augmenter la cotisation sur les honoraires des médecins, qui est actuellement de 3,25%. Cette disposition a suscité une vague de protestation parmi les médecins, qui y voient une menace directe à leur modèle économique, en particulier pour ceux exerçant en secteur 2, où les dépassements d’honoraires sont autorisés.
Les représentants des médecins libéraux n’ont cessé de faire entendre leur voix contre cette mesure, argumentant qu’elle met en péril la viabilité de leur pratique. En effet, les coûts de fonctionnement élevés, combinés à une fiscalité écrasante et un système de remboursement qui n’a pas évolué depuis des décennies, rendent leur activité de moins en moins viable.
Des réformes controversées
Des groupes parlementaires, principalement de gauche, ont proposé des amendements visant à restreindre ou même à interdire les dépassements d’honoraires pour certains actes médicaux. Ces propositions s’appuient sur des rapports récents signalant une croissance inquiétante des dépassements d’honoraires, qui auraient atteint 4,3 milliards d’euros en 2024.
Pour les médecins libéraux, particulièrement ceux du secteur 2, ces mesures pourraient signifier une réévaluation complète de leur modèle économique. Beaucoup estiment que sans la possibilité de pratiquer les tarifs qu’ils jugent nécessaires pour couvrir leurs coûts, leur exercice professionnel serait compromis, menaçant ainsi la diversité des offres de soins.
Un mouvement de grève inédit
La décision de mener une grève et de manifester en janvier est perçue comme un dernier recours par les syndicats médicaux. Du 5 au 19 janvier, il est prévu une fermeture massive des blocs opératoires et un « exil symbolique » à Bruxelles, interrompant ainsi toutes les activités médicales non urgentes, tout en maintenant la prise en charge des patients hospitalisés.
Philippe Cuq, président de l’Union des Chirurgiens de France (UCDF), a déclaré que le mouvement pourrait réunir jusqu’à 4 000 praticiens, avec déjà 1 500 inscrits et participants à une collecte de fonds pour soutenir l’organisation de l’événement.
Les conséquences pour le système de santé
Ce mouvement de protestation pourrait avoir d’importantes répercussions sur le fonctionnement du système de santé français. Alors que les médecins du secteur privé se mettent en grève, le secteur public pourrait faire face à une pression accrue pour gérer le flux de patients.
Certaines voix s’élèvent déjà pour alerter sur les potentiels désordres que cette grève pourrait induire. « Si j’étais ministre de la Santé, je m’inquiéterais du désordre que pourrait provoquer l’arrêt d’une si grande partie de l’activité médicale, » prévient Philippe Cuq.
La situation est donc tendue à l’heure où la question de l’équilibre entre budget public, financement de la Sécurité sociale et rémunération des médecins fait l’objet d’un débat intense. Les semaines à venir seront déterminantes pour l’évolution de la situation et les possibles négociations entre les différentes parties.
Une réaction en chaîne en perspective?
Au-delà des médecins en grève, cette contestation pourrait inciter d’autres secteurs à exprimer leur mécontentement vis-à-vis des politiques gouvernementales actuelles. Le dialogue demeure crucial pour éviter une escalade de la situation et préserver la qualité des soins en France.
Quelles que soient les issues de ce conflit, il est clair que le paysage de la santé en France pourrait être profondément redéfini à l’issue de ces manifestations. Les médecins attendent maintenant des gestes significatifs de la part des pouvoirs publics pour apaiser la situation.

