La question du remboursement des cures thermales en France s’avère être un sujet récurrent et polémique, alimenté par des opinions divergentes tant au niveau médical qu’économique. Le secteur thermal, en particulier à Enghien-les-Bains, se dit menacé par l’éventualité d’un déremboursement par la Sécurité Sociale. Actuellement, entre 65 et 70 % du coût de ces séjours, qui durent généralement 18 jours, est pris en charge, un soutien que le secteur estime crucial pour sa survie.
Une Aide Essentielle en Péril
À Enghien-les-Bains, Céline Meglioli, directrice des cures thermales, clarifie les enjeux : « Ce serait purement la fin de notre activité ». Les établissements n’ont pas retrouvé leur équilibre financier depuis la pandémie de COVID-19, aggravé par l’augmentation du coût de la vie et la réduction des remboursements par les mutuelles. Alors que la fréquentation des curistes était de 500 annuellement avant la pandémie, elle a chuté à 300 à Enghien-les-Bains.
Débat sur l’Efficacité Médicale
Le principal point de discorde reste l’efficacité médicale des cures. Opposants et partisans se disputent autour d’études contradictoires sur le bien-fondé des traitements thermaux. Si certains médecins comme Michaël Rochoy soutiennent que l’effet bénéfique réside plus dans le repos et le cadre que dans le soin thermal lui-même, d’autres défendent l’économie réalisée sur les traitements médicaux post-cure.
En France, 600.000 cures thermales conventionnées sont enregistrées chaque année, avec un âge moyen des curistes frôlant les 65 ans. Le remboursement de ces séjours représente une enveloppe de 350 millions d’euros par an pour la Sécurité Sociale. Cependant, la Cour des comptes a récemment critiqué cette dépense, la jugeant excessive compte tenu de l’efficacité non démontrée des cures.
Un Pilier Économique pour les Régions
Outre les bénéfices sanitaires, les établissements thermaux revendiquent un impact économique significatif. Les cures thermales supporteraient environ 100.000 emplois directs et indirects et sont cruciales pour l’attrait de nombreuses régions. En effet, les curistes apportent une manne financière pour le tourisme local, profitant à d’autres activités économiques telles que l’hôtellerie et la restauration.
La question reste polarisée entre ceux qui, comme le professeur André Grimaldi, estiment que ces cures ne devraient pas être remboursées puisqu’elles ne relèvent pas de la médecine, et ceux qui soulignent l’importance d’un soutien pour préserver des emplois et l’économie locale.
Vers une Modernisation des Offres
Face à ces défis, certains établissements innovent avec des « mini-cures », de plus courte durée et non remboursées, pour attirer une clientèle plus jeune et active. Ce modèle se développe, représentant une part croissante de la fréquentation. Malgré ces tentatives d’adaptation, les calculs montrent que 90 % des revenus thermaux proviennent encore de cures conventionnées remboursées par la Sécurité Sociale.
Pour l’avenir du secteur, la question du déremboursement reste incontournable. Faut-il préserver ces vestiges d’un tourisme de santé au bénéfice d’un tissu économique fragile, ou redéfinir leur financement dans un contexte de maîtrise des dépenses publiques ? Le débat est loin d’être clos et continue de susciter des positionnements aussi tranchés que passionnés.
