En France, la prolifération des sites de pharmacies en ligne usurpant l’identité de véritables officines est devenue un fléau majeur. Ces sites frauduleux présentent des risques considérables pour les consommateurs en leur proposant des médicaments, tels que l’Ozempic, la quétiapine ou encore le Viagra, qui sont normalement soumis à prescription médicale. Ce phénomène alarmant suscite l’indignation des pharmaciens ainsi que des autorités sanitaires et met en lumière les défis de la réglementation du commerce en ligne.
Selon Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre national des pharmaciens, les signalements de ces faux sites affluent régulièrement. « On dépose plainte systématiquement, mais ils ferment et réapparaissent très rapidement à d’autres adresses », explique-t-elle. En effet, depuis 2013, la France autorise la vente en ligne de médicaments sans ordonnance, mais il n’est pas rare de croiser des sites illégalement spécialisés dans l’écoulement de produits sous prescription obligatoire.
Expansion des sites frauduleux
Un rapport récent du groupe de cybersécurité Gen a désigné la France comme le pays le plus ciblé par les escroqueries de faux sites de pharmacies, également appelées « PharmaFraud ». Michal Salàt, directeur des recherches sur les menaces chez Avast, souligne que cette forte exposition est en partie attribuée à la montée en puissance du commerce électronique dans la santé et aux difficultés occasionnelles d’approvisionnement.
Les chercheurs ont identifié un réseau international de plus de 5 000 sites frauduleux destinés à la vente de médicaments. En France, plus de 151 000 tentatives d’attaques ‘PharmaFraud’ ont été contrecarrées par Avast depuis le début de l’année. La plateforme Cybermalveillance.gouv.fr a également rapporté un nombre croissant d’enregistrements de noms de domaine suspects intégrant le mot « pharmacie ».
Risques et dangers pour la santé
Outre le danger d’acheter un produit inefficace ou toxique, ces faux sites de pharmacies posent de sérieux risques à divers niveaux. D’après l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments, un très grand pourcentage des pharmacies en ligne est illégal. L’Organisation mondiale de la santé estime qu’une partie significative des médicaments vendus en ligne est falsifiée.
Bien souvent, ces médicaments contrefaits peuvent contenir des composés incorrects ou non appropriés, voire aucun ingrédient actif, ce qui peut entraîner de graves conséquences pour la santé. Dans certains cas, des produits chimiques inconnus ou des métaux lourds contaminent ces traitements illicites.
Une menace pour tous les médicaments
Aucun traitement n’échappe à la contrefaçon. Les produits les plus vulnérables incluent ceux pour les troubles de l’érection et des antidiabétiques comme l’Ozempic, qui a gagné en popularité sur les plateformes sociales pour ses effets supposés sur la perte de poids. Même en période de tension sur l’approvisionnement, lorsque certains médicaments comme la quétiapine connaissent des pénuries, les consommateurs peuvent être tentés de recourir à ces solutions illégales.
Que faire pour se protéger ?
Face à cette menace, il est crucial que les consommateurs, les professionnels de santé, et les autorités travaillent de concert pour renforcer la sécurité en ligne. Les pharmaciens conseillent d’acheter uniquement sur des sites agréés par des autorités sanitaires reconnues. De même, des campagnes de sensibilisation sur les dangers des médicaments contrefaits doivent être multipliées.
Les sanctions contre les responsables de ces faux sites devraient être intensifiées pour dissuader les récidivistes. Enfin, des méthodes innovantes comme l’authentification numérique des médicaments peuvent offrir une solution prometteuse pour contrer cette fraude préoccupante.
La France, en raison de son adoption rapide du commerce électronique dans le domaine de la santé, doit ainsi redoubler d’efforts pour protéger sa population de cette nouvelle forme d’arnaque, qui menace non seulement l’intégrité du système de santé national mais également la santé des consommateurs.