En 2024, une enquête nationale menée par Santé publique France sur les infections associées aux soins et l’usage des antibiotiques dans les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (Ehpad) a révélé des résultats significatifs. L’étude, intégrée depuis 2010 dans le cadre du réseau européen (ECDC), a permis de recueillir des données détaillées sur la prévalence des infections et des traitements anti-infectieux dans ces établissements.
Baisse de la Prévalence des Infections par Rapport à 2016
Les résultats de l’enquête montrent une diminution de la prévalence des infections associées aux soins par rapport à l’enquête précédente de 2016. En 2024, la prévalence des résidents infectés est de 2,35 %, ce qui signifie qu’un résident sur 40 est affecté par une infection liée aux soins à un moment donné. Cette baisse est notable comparée à 2016 où la prévalence était de 2,93 %.
Les types d’infections les plus fréquentes documentées en 2024 étaient les infections respiratoires (36,2 %), urinaires (31,7 %) et cutanées (25,8 %). Concernant les infections urinaires confirmées, les germes les plus courants restent Escherichia coli, Proteus mirabilis et Klebsiella pneumoniae. Cette constance dans les germes pathogènes rappelle la nécessité d’une gestion prudente des infections et de l’utilisation des antibiotiques.
Facteurs de Risque Identifiés
Les résidents âgés, notamment ceux de 85 ans et plus, ainsi que ceux récemment hospitalisés, en fauteuil ou alités, rencontrent un risque accru d’infections. Les résidents présentant des conditions comme l’incontinence, des escarres, ou qui ont subi une intervention chirurgicale récemment sont également plus sujets à ces infections. Ces facteurs de risque soulignent l’importance de cibler ces groupes pour des interventions préventives spécifiques.
Stabilité de l’Usage des Antibiotiques
L’enquête de 2024 a montré que l’administration d’antibiotiques reste stable, à 2,87 % des résidents traités par au moins un antibiotique un jour donné, proche du taux de 2016, qui était de 2,76 %. L’usage préventif (prophylaxie) des antibiotiques, cependant, a augmenté, passant de 13,6 % en 2016 à 22 % en 2024.
Les traitements curatifs avec une durée prévue excédant sept jours représentent un tiers des prescriptions, et celles réévaluées dans les trois jours demeurent faibles, à 31,8 %. La tendance à la prescription excessive souligne le besoin d’amélioration dans l’évaluation et la gestion des traitements antibiotiques.
Pistes pour Améliorer la Prévention et l’Usage des Antibiotiques
L’analyse des résultats indique la nécessité de renforcer les actions pour un usage optimal des antibiotiques. Des mesures spécifiques, comme l’établissement de procédures de réévaluation des traitements, l’accès accru à des experts en hygiène, et l’identification de référents antibiotiques dans chaque établissement sont cruciales.
Par ailleurs, la documentation microbiologique des infections reste faible, avec moins d’un diagnostic étayé pour deux IAS. Pour améliorer les pratiques, il est recommandé d’intensifier la formation des professionnels et de sensibiliser les prescripteurs sur l’importance d’un usage rationnel des antibiotiques.
- Encourager les Ehpad à formaliser des protocoles de réévaluation systématique des traitements.
- Renforcer l’accès à des experts régionaux en antibiothérapie et hygiène.
- Sensibiliser les prescripteurs à travers des formations continues et des campagnes de prévention.
- Adapter les mesures selon les spécificités régionales basées sur la prévalence des infections et les pratiques locales.
En conclusion, l’enquête de 2024 souligne l’importance de l’engagement collectif pour diminuer les risques infectieux dans les Ehpad et d’un usage approprié des antibiotiques. Bien que des progrès aient été réalisés, le chemin vers une réduction significative des infections et une meilleure gestion des traitements nécessite des efforts concertés et continus.