Une année critique pour la coqueluche
En 2024, la France, ainsi que le reste de l’Europe, a connu une augmentation alarmante du nombre de cas de coqueluche. Cette recrudescence a mis en lumière la nécessité impérieuse de la prévention par la vaccination. L’évolution de cette maladie, bien que cyclique, a surpris par son intensité et a suscité une mobilisation accrue de la part des autorités sanitaires.
Évolution de l’épidémie
Historiquement, la coqueluche évolue par cycles épidémiques tous les trois à cinq ans. La dernière période d’intense activité avait été observée entre 2017 et 2018. Après une phase de faible circulation durant la pandémie de COVID-19, l’année 2024 a été marquée par une résurgence rapide et étendue. Malgré une baisse significative des cas au dernier trimestre, le niveau de circulation de la bactérie Bordetella pertussis est demeuré élevé au-delà des moyennes observées.
Les données de surveillance indiquent une augmentation progressive des cas dès le premier trimestre 2024, avec un pic observé en juillet-août. Ce n’est que vers la fin de l’année que les chiffres ont commencé à refluer, coïncidant avec un retour aux niveaux normaux pour la période post-épidémique. Toutefois, les autorités sanitaires insistent sur l’importance de maintenir des mesures de vigilance élevée.
L’impact en médecine de ville et à l’hôpital
Le réseau Sentinelles a rapporté un nombre considérable de consultations liées à la coqueluche, atteignant 162 612 cas en médecine générale. Les actes médicaux ont montré une tendance à la hausse jusqu’en juin, restant stables durant l’été avant de diminuer à l’approche de l’automne.
En milieu hospitalier, 7 012 passages aux urgences ont été documentés, avec un total de 1 471 hospitalisations. Bien que ces chiffres aient commencé à baisser après la mi-août, le volume d’hospitalisations représentait encore des niveaux comparables aux pics de 2017 et 2018.
Le réseau RENACOQ, focalisé sur les formes pédiatriques, a noté 500 cas chez des nourrissons de moins de 12 mois, dont 74% étaient âgés de moins de 6 mois. Ce total dépasse les statistiques des épidémies précédentes, confirmant la gravité de la situation.
Mortalité et résistance aux antibiotiques
L’année 2024 a été malheureusement marquée par 46 décès liés à la coqueluche, incluant notamment vingt-quatre enfants et vingt-deux adultes âgés, mettant en lumière la vulnérabilité des extrêmes de la vie.
De plus, une préoccupation croissante concerne la résistance aux antibiotiques. En 2024, le CNR a identifié dix-sept cas de souches résistantes aux macrolides, un problème quasi inexistant auparavant et désormais en progression, ce qui complique le traitement traditionnel de la maladie.
Prévention : un enjeu crucial
La vaccination se place au cœur de la stratégie de prévention contre la coqueluche, surtout pour les nourrissons et les populations vulnérables. Les femmes ayant accouché en 2024 ont montré une augmentation de 18,9 points de couverture vaccinale par rapport à l’année précédente. Cette progression illustre l’efficacité des campagnes de sensibilisation.
- Vaccination obligatoire avec des rappels réguliers jusqu’à l’âge adulte,
- Vaccination des femmes enceintes entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée,
- Stratégie de cocooning pour protéger le nourrisson par l’entourage proche.
Afin de protéger toute la population, des rappels de vaccination sont également recommandés pour les professionnels de santé, les personnes en contact avec les nourrissons, et à intervalles réguliers pour tout le monde jusqu’à un âge avancé.
Le rôle de la vigilance collective
Outre la vaccination, l’usage de masques et l’adoption des gestes barrières sont encouragés pour limiter la propagation de la coqueluche et d’autres maladies transmissibles. Le port du masque reste une précaution importante dans les lieux publics, particulièrement lors d’épisodes épidémiques.
Conclusions et perspectives
Avec des indicateurs suggérant une accalmie début 2025, il reste essentiel de garder une vigilance accrue pour prévenir de futures résurgences de coqueluche. Les leçons de 2024 doivent renforcer notre engagement envers la vaccination et la santé publique pour protéger les populations les plus vulnérables.
La coqueluche demeure une menace épidémique, et chaque mesure entreprise joue un rôle crucial dans la protection de la santé publique.

