La consommation de cocaïne a fortement augmenté en France, et cette tendance ne se limite plus uniquement aux fêtards. Un récent rapport éclaire d’un jour nouveau l’ampleur du phénomène dans le cadre professionnel. Publiée par l’entreprise spécialisée dans le dépistage iThylo, cette étude démontre une hausse notable des cas de consommation de cocaïne parmi les employés occupant des postes à risque, en particulier dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP).
Entre 2017 et 2025, iThylo a effectué 110 000 dépistages de manière inopinée. Leurs données révèlent un taux de positivité des tests pour la cocaïne passant de 2,6 % en 2017 à 5,3 % en 2025. Cette augmentation de 107 % représente une croissance alarmante de la présence de cette drogue au sein des entreprises, en particulier dans des secteurs où la vigilance et la sécurité sont primordiales. Il est cependant important de noter que ces tests ciblent spécifiquement les travailleurs à risque, dont une majorité écrasante sont employés dans le BTP.
Consommation et précarité
Un aspect particulier de cette étude concerne le profil des consommateurs identifiés. Bien que les intérimaires ne représentent que 15 % des personnes testées, ils concentrent 31 % des cas positifs. La précarité de leur situation professionnelle et le stress quotidien exacerbé par des conditions de travail souvent difficiles sont cités comme des facteurs aggravants par Laurent Karila, professeur d’addictologie.
Les travailleurs intérimaires font face à des conditions qui peuvent être particulièrement éprouvantes : des horaires irréguliers, un manque de stabilité et une intégration sociale limitée au sein de l’entreprise. Ces éléments contribuent à leur vulnérabilité face à la consommation de substances psychoactives comme la cocaïne pour gérer le stress ou tenter d’améliorer leur performance.
Le rôle des conditions de travail
La nature des horaires de travail apparaît également comme un facteur contributif important à l’augmentation des cas de consommation de cocaïne. Les tests effectués entre 22 heures et 1 heure du matin ont montré un taux de positivité de 5,3 %, nettement supérieur à la moyenne globale. Dans les secteurs industriels et du BTP, où des horaires nocturnes et décalés sont souvent nécessaires, la cocaïne est parfois utilisée pour « tenir le coup » durant les longs quarts de travail nocturnes.
De nombreux travailleurs se sentent poussés à consommer pour rester productifs, répondre aux attentes excessives, ou simplement suivre le rythme exigeant imposé par leur emploi. Cette pression continue engendre un cercle vicieux où le recours à des substances illégales devient, pour certains, une solution temporaire, mais dangereuse.
Implications sur la santé et la sécurité
Évidemment, la consommation croissante de cocaïne sur le lieu de travail pose de sérieux problèmes tant pour la santé des travailleurs que pour leur sécurité et celle de leurs collègues. Les risques d’accidents augmentent avec l’altération des facultés physiques et mentales qu’implique la prise de cocaïne. Cette situation nécessite une réponse coordonnée entre employeurs, services de santé au travail, et professionnels médicaux spécialisés pour lutter contre cette tendance préoccupante.
Selon Jean-Jacques Cado, président d’iThylo, « Le dépistage ne devrait pas être vu comme une sanction, mais comme une opportunité d’intervention et de soin. » Une approche collaborative est nécessaire pour soutenir les employés dans la gestion de leur consommation et pour prévenir les risques liés à l’usage de drogues sur les lieux de travail.
Vers une sensibilisation accrue
L’étude souligne l’importance d’une sensibilisation croissante à la consommation de drogues en milieu professionnel. Des campagnes de prévention et une éducation continue sur les dangers de la consommation de substances psychoactives sont essentielles. Cela pourrait inclure des formations régulières pour les employés et les dirigeants sur la reconnaissance des signes de consommation et sur les démarches à suivre pour obtenir de l’aide.
En outre, mettre en place des politiques fermes et claires en matière de substances illicites au travail, tout en offrant un soutien adéquat à ceux qui en ont besoin, pourrait contribuer à réduire cette tendance. L’objectif doit être de créer un environnement de travail sain et sûr pour tous les employés.
Dans l’ensemble, le rôle de la prévention et de l’éducation est crucial pour inverser cette tendance préoccupante de la consommation de cocaïne sur le lieu de travail. En renforçant les ressources disponibles et en promouvant un dialogue ouvert et sans jugement, il est possible d’aider ceux en difficulté tout en maintenant des normes de sécurité et de bien-être dans le milieu professionnel.