Connaissez-vous le « Boy Sober » ? Ce mouvement, popularisé par l’humoriste américaine Hope Woodard, invite celles et ceux qui le souhaitent à faire une pause dans les relations amoureuses. L’idée est de se désintoxiquer non seulement des rendez-vous galants mais aussi des applications de rencontres, des ex et même des interactions floues. Longtemps présentées comme un moyen de s’émanciper et de rencontrer de nouvelles personnes, ces pratiques semblent aujourd’hui épuiser certains individus, notamment les femmes de la génération Z.
Qu’est-ce que le « Boy Sober » ?
À l’instar du « dry january » ou du « sober october », le « boy sober » propose un retrait total des relations amoureuses (temporaires ou non) pour une période déterminée. Ce phénomène en plein essor a émergé sur les réseaux sociaux, aidé par la viralité des vidéos TikTok où le hashtag correspondant a été utilisé des dizaines de millions de fois. L’idée de départ vient de Hope Woodard, qui a pris conscience que le fait d’être mentalement encombrée par les relations lui empêchait de se sentir véritablement célibataire et épanouie.
Une pause pour mieux se retrouver
Le « boy sober » ne se veut pas anti-hommes mais pro-individu. Cette démarche encourage les participantes à se concentrer sur elles-mêmes : leurs désirs, leurs passions et leur bien-être. En s’abstenant de tout engagement émotionnel ou physique, les adeptes de ce concept espèrent retrouver une clarté mentale et une autonomie souvent perdues dans une quête incessante de l’amour. Hélène Vecchiali, psychanalyste, voit dans ce mouvement une occasion propice à l’introspection et au développement personnel. « C’est l’opportunité de mieux comprendre ce que l’on souhaite et ce dont on ne veut plus, » explique-t-elle.
La fatigue du dating moderne
Sous la perspective de Judith Duportail, journaliste et auteure, le « boy sober » serait une réponse directe à la « dating fatigue » provoquée par les applications de rencontre. La pression de swiper, l’attente interminable de réponses et les rendez-vous souvent décevants peuvent mener à une véritable lassitude. Ce phénomène n’a rien de nouveau, mais la saturation engendrée par la « culture Tinder » rend cet épuisement plus visible et plus pressant.
Refuser le « swipe compulsif » revient à refuser de se conformer à une logique consumériste des relations. Beaucoup réalisent que même dans le meilleur des cas, lorsque la « liste de souhaits » semble exaucée, personne ne peut correspondre totalement à une idée préconçue et figée de l’autre.
Réinvestir du temps pour soi
En choisissant de se déconnecter temporairement des relations et des applications de rencontres, les participants au « boy sober » s’accordent du temps pour redécouvrir leurs centres d’intérêt et renforcer leur amour propre. Toutes expriment le besoin de se focaliser sur leurs propres aspirations, leur santé mentale et leur développement personnel. Ainsi, ce mouvement n’est pas une simple diète amoureuse mais un voyage intérieur, une tentative de retrouver une vie plus équilibrée et authentique.
Quelle signification derrière le nom ?
Le nom « boy sober » peut induire en erreur, suggérant à tort une hostilité envers les hommes. Ce n’est pas le cas, assure Hope Woodard. En réalité, le principe est d’éviter toute dépendance affective envers quelqu’un, peu importe le sexe de la personne. Certains participants affirment même qu’une telle pause pourrait être bénéfique aux deux sexes, aidant chacun à mieux comprendre ses attentes et ses besoins personnels.
Une étape vers le « slow dating » ?
En fin de parcours, les individus ayant participé au « boy sober » pourraient revenir dans le champ des rencontres avec une approche plus mesurée, autrement appelée « slow dating ». Cette méthode privilégie la qualité des relations potentielles à leur quantité, en choisissant plus soigneusement les personnes et les moments avec qui et quand se lier.
La clé réside dans la recherche d’une connaissance de soi approfondie. Pour que l’amour de demain soit plus riche, il faut prendre le temps de s’aimer et de mieux se comprendre aujourd’hui. « Il ne s’agit pas d’atteindre la perfection avant de se remettre en couple, mais de se familiariser avec qui l’on est vraiment pour accueillir l’autre dans son authenticité, » conclut Hélène Vecchiali.