Depuis des générations, l’idée que l’on doit attendre trois heures après avoir mangé avant de se baigner a été ancrée dans l’esprit de nombreux vacanciers. Souvent évoquée lors des repas en famille à la plage, cette croyance repose sur la peur de l’hydrocution, un malaise causé par un choc thermique lorsque le corps entre brusquement en contact avec l’eau froide. Cependant, la nécessité de respecter cette règle est aujourd’hui débattue parmi les experts.
Qu’est-ce que l’hydrocution ?
Le terme « hydrocution » désigne une syncope ou un malaise survenant après une immersion soudaine dans l’eau. Selon la Société Nationale de Sauvetage en Mer, il ne s’agit pas d’un terme médical précis mais d’une expression courante pour expliquer des incidents souvent liés au choc thermique. L’hydrocution est en fait une réaction réflexe du corps à un changement brutal de température, stimulant le système nerveux et pouvant entraîner des étourdissements, des troubles cardiaques, voire la noyade dans des cas extrêmes.
Pourquoi attendre après un repas ?
La croyance dans l’attente de trois heures repose sur l’idée que la digestion mobilise une grande partie du sang vers le système digestif, limitant l’apport sanguin disponible pour d’autres organes comme les muscles. Lors de la baignade, ceci pourrait théoriquement créer un conflit dans les besoins sanguins du corps, menant à une syncope. Toutefois, certains spécialistes de la santé, comme Pierre Michelet, professeur et spécialiste de la noyade, suggère que l’hydrocution n’est pas directement causée par la digestion, mais plutôt par le stress thermique dû à la différence de température entre le corps chaud et l’eau froide.
Il est à noter que le tube digestif est en partie inactif lors de l’effort physique intense, ce qui signifie que, pendant la nage, la digestion pourrait être momentanément suspendue, contredisant ainsi l’idée d’un besoin strict d’attendre un certain temps après avoir mangé.
Opinions et interprétations des experts
Bien qu’il n’existe que peu de recherches concrètes sur le lien exact entre la digestion et l’hydrocution, les experts s’accordent à dire que plusieurs facteurs doivent être pris en compte. Pascal Lebihain, maître de conférences en sciences du sport, souligne que la température de l’air, la température de l’eau, et la nature du repas peuvent influencer les risques potentiels. Un repas léger consommé à l’ombre peut poser moins de risques qu’un repas copieux pris ombragé sous un soleil ardent. De plus, la consommation d’alcool avant la baignade est strictement déconseillée car elle peut exacerber les effets du choc thermique.
Mesures de précaution adaptées
En absence de certitudes absolues, la sécurité en matière de baignade repose sur le bon sens et la modération. Il est conseillé de mouiller son corps avant d’entrer progressivement dans l’eau et de choisir les moments les plus frais de la journée pour se baigner, de préférence en début de matinée ou en fin d’après-midi. Les enfants et les personnes âgées doivent être particulièrement prudents, car ils sont souvent plus sensibles aux variations de température. Ceux qui viennent de terminer un repas lourd devraient envisager de se tremper uniquement les pieds ou de se détendre près de l’eau.
En résumé, bien que le dogme des trois heures ne soit pas strictement nécessaire, il est avisé d’adapter les comportements en fonction des conditions de baignade et d’éviter l’accumulation de facteurs de risque. Une hydratation adéquate, une consommation minimale d’alcool et l’application régulière d’une protection solaire sont des mesures tout aussi importantes à prendre en compte lors d’une sortie en plage.
