À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, Santé publique France a révélé ses statistiques annuelles de surveillance concernant cette maladie infectieuse, soulignant une légère hausse de l’incidence en 2023. Bien que cette augmentation soit notable, elle ne présente pas de risque significatif d’aggravation des formes graves, une bonne nouvelle pour le système de santé français.
Un retour à la situation pré-pandémique
En 2023, l’incidence de la tuberculose a augmenté de 16,7 % par rapport à 2022, atteignant 7,1 cas pour 100 000 habitants, ce qui représente un total de 4 866 cas déclarés sur le territoire national. Ce chiffre marque le premier revirement de tendance depuis les baisses successives enregistrées durant la pandémie de COVID-19, avec des diminutions de 10,4 % en 2020, de 7,0 % en 2021 et de 2,6 % en 2022.
Selon les experts, cette hausse pourrait indiquer un retour à une situation épidémiologique antérieure à la pandémie, plutôt qu’une véritable recrudescence de la maladie. Toutefois, une surveillance accrue reste nécessaire pour confirmer que cette tendance n’est que temporaire et non le début d’une augmentation durable de la transmission du bacille tuberculeux.
État des formes graves de la maladie
Malgré cette hausse globale, les formes graves de tuberculose — notamment les cas méningés et miliaires — n’ont connu qu’une légère augmentation, passant de 5,7 % en 2022 à 5,9 % en 2023. Le nombre de décès dus à la tuberculose a également enregistré une légère hausse, passant de 22 à 30, mais ces chiffres restent inférieurs aux niveaux observés avant la pandémie.
Il est judicieux de continuer à surveiller l’évolution de ces formes graves pour mieux comprendre l’impact réel de la COVID-19 sur la sévérité de la maladie et d’ajuster les stratégies de prévention et de traitement en conséquence.
Maintien de la vaccination par le BCG
Quinze ans après la fin de l’obligation vaccinale du BCG en France, aucune augmentation de l’incidence de la tuberculose chez les enfants n’a été observée, y compris parmi ceux présentant des formes graves. En 2023, 13 cas de tuberculose sévère ont été rapportés chez des enfants de moins de 15 ans, illustrant une stabilité des taux depuis cinq ans.
Cette observation souligne l’importance permanente de la vaccination pour protéger les enfants les plus à risque de développer des formes graves de la maladie, suggérant que la stratégie actuelle de ciblage des populations à risque est efficace.
Disparités régionales et populationnelles
Les données de 2023 révèlent des disparités marquées suivant les régions et les groupes de population. Les taux d’incidence les plus élevés ont été enregistrés en Guyane (24,0/100 000), en Île-de-France (14,2/100 000) et à Mayotte (12,8/100 000). Ces chiffres surpassent largement la moyenne nationale, soulignant la nécessité de concentrer les efforts de surveillance et de prévention dans ces zones.
Les populations les plus affectées demeurent les personnes sans domicile fixe, les détenus, et celles nées à l’étranger, notamment en Afrique sub-saharienne. Les initiatives de dépistage et les campagnes de sensibilisation doivent donc être intensifiées dans ces groupes pour freiner la propagation de la maladie.
Recommandations vaccinales actuelles
Actuellement, la vaccination par le BCG est recommandée pour les nourrissons à haut risque de contracter la tuberculose, avec l’objectif de les protéger principalement contre les formes graves de cette maladie. Bien que l’obligation ait cessé en 2007, la prévention par la vaccination reste une ligne de défense essentielle en santé publique.
Importance du signalement en temps réel
La maladie tuberculeuse est à déclaration obligatoire depuis 1964, avec une surveillance qui s’est élargie aux infections latentes chez les enfants et aux issues de traitement. Depuis 2022, le système de déclaration s’est modernisé avec l’introduction de l’application e-DO, facilitant une collecte de données plus précise et rapide. Cette télé-déclaration contribue à la bonne gestion et prévention de la maladie en France.
Alors que la France continue de surveiller et de traiter la tuberculose, la coordination et la diligence des professionnels de la santé sont cruciales pour contenir toute recrudescence éventuelle et garantir que les incidences futures demeurent gérables.
