En France, l’assistance médicale à la procréation (AMP) est un parcours souvent mené dans l’ombre, particulièrement sur le lieu de travail. En 2022, plus de 150 000 tentatives ont été enregistrées, et pourtant, rares sont celles et ceux qui en parlent ouvertement. Cette discrétion, teintée de pudeur et de crainte de jugement, s’avère être un lourd fardeau, accentuant l’isolement de ceux qui traversent cette épreuve.
Le contexte professionnel offre rarement le soutien nécessaire à ces employés. Une étude menée par l’association BAMP ! révèle que 41 % des salariés ont envisagé de quitter leur emploi à cause du manque de compréhension sur leur parcours d’AMP. Cette situation s’aggrave avec la méconnaissance généralisée des droits des salariés concernant l’AMP, malgré l’existence de lois pour protéger ces droits.
La pression du silence
Pour de nombreuses personnes, cacher leur parcours d’AMP est une nécessité. Eugénie, une salariée de l’industrie, décrit l’AMP comme un sujet « intime et délicat », accentué par un environnement de travail masculin peu propice aux confidences. Le poids du silence devient lourd à porter, d’autant que le secret oblige à jongler avec les rendez-vous médicaux et les traitements en toute discrétion.
Mariana, déjà mère grâce à l’AMP et en attente d’un deuxième enfant, partage son expérience des Antilles, où le sujet est encore plus tabou. Les remarques déplacées de ses collègues masculins l’ont poussée à garder secret son traitement hormonal géant, révélant ainsi le manque flagrant de sensibilisation dans le monde du travail.
Des gestes médicaux en cachette
Emmanuelle, 39 ans, connaît bien la nécessité de se cacher pour procéder aux injections liées à l’AMP. « J’ai souvent dû faire mes piqûres dans les toilettes du bureau, » confie-t-elle. Ce besoin de discrétion ajoute une couche de stress supplémentaire à un processus déjà traumatisant, surtout quand les résultats décevants arrivent en pleine journée de travail.
Charlotte, enseignante, témoigne du soutien qu’elle trouve chez ses collègues lorsqu’elle brise le silence autour de sa démarche. Elle souligne, cependant, que même avec un soutien, gérer l’échec d’un traitement reste un défi émotionnel majeur.
L’ignorance des droits et protections
Malgré une loi de 2016 accordant aux femmes en parcours d’AMP le droit à des absences pour les actes médicaux, seule une minorité d’employeurs appliquent cette réglementation. Beaucoup de salariés optent pour des congés payés ou des arrêts maladie, faute de meilleure option, du fait d’une méconnaissance généralisée des droits associés à l’AMP.
Guillaume, qui accompagne sa femme dans ce parcours, a pu bénéficier des autorisations d’absence prévues par la loi pour les conjoints, nouvelle extension législative améliorant le soutien aux couples engagés dans ce processus.
Le combat pour la reconnaissance
Pour de nombreux couples, le combat ne s’arrête pas aux procédures médicales. Ils doivent aussi lutter pour faire valoir leurs droits au sein de l’environnement professionnel. L’étude de BAMP ! montre que seulement 35 % des employeurs ont mis en place des politiques de soutien à la fertilité, accentuant le besoin de sensibilisation et de changement culturel.
En conclusion, il est impératif de lever le tabou qui entoure l’AMP sur le lieu de travail. Une plus grande sensibilisation, couplée à l’application stricte des lois existantes, ainsi que le soutien des collègues et des managers, pourrait considérablement alléger le fardeau des salariés concernés. En brisant le silence, nous permettons à ces histoires de devenir des moteurs de changement, promouvant une culture de compréhension et d’accompagnement dans le parcours de l’AMP.
