Une fracture sociale qui se traduit par l’espérance de vie
Alors que l’on s’attend souvent à ce que le progrès social et économique se traduise par des améliorations pour l’ensemble de la population, une récente étude publiée par l’Insee met en lumière un sombre tableau des inégalités en matière d’espérance de vie en France. Sur la période 2020-2024, les écarts se sont accentués entre les Français les plus riches et les plus pauvres.
Les données de l’étude montrent que l’espérance de vie à la naissance présente un écart notable de neuf ans chez les femmes et de treize ans chez les hommes entre les 5 % les plus aisés et les 5 % les plus modestes. La situation est d’autant plus alarmante que ces écarts ont tendance à se creuser.
Une inégalité persistante et accrue
Les chiffres ne laissent aucun doute : à 50 ans, les hommes des catégories économiques les plus basses ont un risque de décès sept fois supérieur à celui de leurs pairs plus aisés. Leurs revenus moyens ne s’élèvent qu’à 497 euros par mois contre 6 427 euros pour les hommes les plus riches. Pour les femmes, le scénario est semblable, bien que le risque à 55 ans soit six fois supérieur.
Facteurs économiques et accès aux soins
Un des facteurs majeurs pointés par l’Insee est l’accès aux soins. Les difficultés financières entravent cet accès crucial, avec 3,2 % des personnes parmi les 20 % les plus modestes qui renoncent à certains soins médicaux pour des raisons économiques, contrairement à seulement 1,8 % de l’ensemble de la population. Ce renoncement peut avoir des conséquences graves sur la santé et l’espérance de vie.
Exposition aux risques professionnels
Outre l’accès aux soins, l’exposition aux risques professionnels joue un rôle clé. Les emplois moins rémunérateurs sont souvent ceux qui exposent les travailleurs à des conditions de travail difficiles et à des accidents. Les cadres sont généralement moins exposés que les ouvriers, ce qui contribue également à cette disparité en matière de santé.
Les comportements à risque, tels que le tabagisme, sont aussi plus fréquents chez les personnes qui ont un niveau d’éducation inférieur. 21 % de ceux qui n’ont pas de diplôme ou qui n’ont pas dépassé le niveau secondaire fument quotidiennement, contre 13 % parmi ceux ayant fait des études supérieures.
Une tendance inquiétante
Compte tenu des tendances récentes, l’Insee indique que les inégalités se sont accrues entre la période 2012-2016 et 2020-2024. L’écart d’espérance de vie est passé de 8,3 ans à 8,7 ans chez les femmes et de 12,7 ans à 13 ans chez les hommes. Ces chiffres suggèrent une augmentation des causes de décès socialement inégales ou une intensification de leurs impacts.
Comparaison de la longévité entre genres
Une constatation particulièrement intéressante de l’étude est que même parmi les Français aux revenus les plus bas, les femmes ont une espérance de vie plus longue que celle des hommes riches. Ce phénomène s’explique en partie par des soins médicaux plus réguliers chez les femmes, notamment pendant leurs années de fécondité, et par une exposition professionnelle généralement inférieure.
En revanche, seules les femmes figurant parmi les 30 % les plus pauvres vivent en moyenne moins longtemps que les hommes figurant parmi les 5 % les plus riches. Cela souligne l’importance du suivi médical et des conditions de vie dans le maintien d’une santé robuste.
Conclusion
Cette étude vient rappeler avec acuité l’importance des politiques publiques visant à réduire les inégalités sociales et à garantir l’accès aux soins pour tous. Les disparités d’espérance de vie, au-delà des chiffres, interpellent sur la manière dont la société doit évoluer pour favoriser une véritable égalité des chances. Alors que les avancées technologiques et médicales continuent de progresser, il est crucial que leurs bénéfices soient équitablement partagés, afin que chacun puisse espérer vivre en bonne santé, indépendamment de sa richesse ou de son statut social.
