Les cures thermales, souvent plébiscitées pour leurs vertus apaisantes et thérapeutiques, pourraient voir leur accessibilité restreinte pour certains patients. Un projet de décret en préparation par l’Assurance maladie propose une réduction significative des remboursements des cures thermales pour les personnes atteintes d’une affection de longue durée (ALD). Actuellement, ces patients bénéficient d’un remboursement intégral, mais ce projet de décret vise à aligner leur prise en charge sur celle des autres assurés sociaux, soit une diminution à 65 % de remboursement.
Une mesure économique controversée
Selon des informations relayées par des sources concordantes, ce changement s’inscrit dans le cadre des efforts pour maîtriser les dépenses publiques de santé. L’initiative a suscité des débats houleux, notamment en raison de l’impact potentiel sur les 14 millions de Français concernés par une ALD. En plus des cures thermales, ces patients pourraient également voir le remboursement de certains médicaments à faible service médical rendu passer de 100 % à 15 %.
Catherine Vautrin, l’ancienne ministre de la Santé, avait déjà exprimé son souhait de réévaluer le bien-fondé du remboursement total de ces soins dans le contexte d’une nécessaire rationalisation des dépenses de l’assurance maladie. Toutefois, même après sa démission, les discussions continuent, car le gouvernement démissionnaire ne peut que préparer le terrain pour le prochain exécutif.
Conséquences pour les établissements thermaux
Les établissements thermaux, qui accueillent un nombre considérable de patients en ALD, risquent de subir les répercussions de cette mesure. Thierry Dubois, président du Conseil National des Établissements Thermaux (Cneth), a qualifié la décision de dommageable pour le secteur. Avec environ 25 % de leur clientèle constituée de patients en ALD, la baisse des remboursements pourrait entraîner un déclin des fréquentations et, par conséquent, des revenus des établissements thermaux, qui sont souvent implantés dans des régions où le tourisme santé constitue un levier économique important.
Malgré l’inquiétude généralisée, il est à noter que le remboursement de base de 65 % reste en vigueur, et à ce jour, aucun projet gouvernemental de l’abaisser ou de l’annuler n’est envisagé, selon les déclarations de Dubois.
Le débat médical sur l’efficacité des cures thermales
L’efficacité des cures thermales ne fait pas l’unanimité parmi les professionnels de santé. Si certains considèrent qu’elles apportent des bienfaits notables notamment dans la gestion des douleurs chroniques et le bien-être mental, d’autres estiment que le remboursement de telles pratiques doit être revu. La Cour des comptes a notamment souligné dans un rapport récent la nécessité de réévaluer l’intérêt médical des cures dans le cadre des financements assurés par l’État. Elle a suggéré que la Haute Autorité de Santé soit mandatée pour établir un avis pertinent sur ce sujet.
Cette remise en question, couplée à l’évolution des remboursements, s’invite dans le grand débat sur la soutenabilité du système de santé français, où l’optimisation des ressources est primordiale dans un contexte de contrainte budgétaire accrue.
Une entrée en vigueur imminente
Le projet de décret devrait être examiné prochainement par la commission de la législation et de la réglementation du conseil de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Une entrée en vigueur pour février 2026 est envisagée, offrant un laps de temps pour des ajustements éventuels. Les patients concernés, les professionnels de santé, et les établissements ont d’ores et déjà commencé à évaluer les implications de cette nouvelle réglementation.
Au-delà des impacts immédiats, cette réforme potentielle rappelle une fois de plus l’équilibre fragile entre innovation médicale, sophistications thérapeutiques et viabilité économique. Tandis que les débats continuent de faire rage, l’avenir du remboursement des cures thermales demeure incertain, soulevant des questionnements à la fois éthiques et pratiques pour les décideurs et les patients.