Santé Quotidien, votre actualité santé et bien-être

Mobilisation massive des pharmacies face à la réduction des remises sur les génériques

An illustration depicting a closed pharmacy with protest signs in front, emphasizing the impact of governmental decisions on local healthcare access.
Ce jeudi, une grande partie des pharmacies françaises restera fermée pour protester contre la diminution des remises sur les médicaments génériques imposée par l'État. Cette mesure, destinée à réduire les dépenses de santé, est jugée critique pour la survie des petites officines.

Ce jeudi, près de 90 % des pharmacies françaises interpelleront l’opinion publique en baissant leur rideau. Ce mouvement de grève retentissant s’élève contre la réduction des remises commerciales octroyées sur les médicaments génériques, initiative que l’État destine à diminuer les dépenses de santé. Cependant, pour les pharmaciens, cette décision menace la survie économique de nombreuses officines, en particulier celles implantées en zones rurales et déjà fragilisées.

Affiches et messages de protestation

Loin d’adopter une posture d’attente, les pharmacies ont couvert leurs vitrines d’affiches alarmistes : « Une décision de l’État menace votre accès aux soins et la survie de votre pharmacie de proximité ! » et d’autres slogans exprimant une profonde inquiétude quant à l’avenir de leurs services.

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), associée à d’autres organisations telles que l’Uspo et l’UNPF, a encouragé ses membres à organiser des manifestations à travers le pays. Quatre-vingt-quatre rassemblements ont été programmés, dont un grand défilé à Paris, partant des Invalides en direction du ministère de la Santé.

Une solidarité nationale des pharmacies

Philippe Besset, président de la FSPF, assure que l’adhésion à ce mouvement de protestation pourrait atteindre 90 %. Selon lui, cette journée d’« interpellation » vise à sensibiliser tant l’opinion publique que les décideurs politiques, espérant les faire revenir sur une mesure qu’il qualifie de « catastrophique » pour le secteur.

La contestation trouve son origine dans la baisse drastique des taux de remise que les laboratoires pharmaceutiques consentent habituellement aux pharmacies lors de la vente de génériques. Jusqu’à présent, ces remises pouvaient atteindre 40% du prix fabricant hors taxes. Depuis septembre, ce seuil est abaissé à 30 % et devrait chuter à 20 % d’ici juillet 2027.

Des conséquences économiques majeures

Derrière cette décision se cache une tentative des autorités de réduire les dépenses publiques en matière de santé. Pourtant, pour les pharmacies, ces remises représentent une part cruciale de leur revenu. La réduction anticipée risque de provoquer des fermetures en cascade d’officines, en particulier dans les communautés rurales déjà vulnérables aux déserts médicaux.

Visant à contrer cette action gouvernementale, l’intersyndicale pharmaceutique se montre inflexible : aucune négociation ne sera possible tant que le rétablissement des remises à 40 % ne sera pas envisagé. Pourtant, l’exécutif reste sourd à leurs requêtes, insistant sur la nécessité de réduction des coûts médicaux.

Appuis politiques et réactions publiques

Bruno Retailleau, ancien ministre de l’Intérieur, est monté au créneau en faveur de la cause des pharmacies. Dans un communiqué récemment publié, il insiste sur l’impact potentiel désastreux pour l’accès aux soins et appelle le gouvernement à faire preuve de « bon sens ».

D’autres figures politiques rejoignent progressivement ce débat, partageant les inquiétudes des pharmaciens quant à l’impact de ces réductions de remises sur les génériques. Selon Cyril Colombani, porte-parole de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo), une telle mesure pourrait entraîner la perte d’un emploi dans chaque pharmacie, soit environ 5 000 suppressions de postes sur trois ans.

Un avenir incertain pour les soins de proximité

Jugée « mortifère » par l’ensemble de la profession, cette décision pourrait bien se répercuter sur l’ensemble du système de soin français. Les pharmaciens craignent particulièrement pour la disparition de services de proximité essentiels, risquant de compliquer davantage l’accès des populations rurales au soutien médical et pharmaceutique.

En écho à cette mobilisation, plusieurs manifestations locales s’organisent. Certaines préfectures réquisitionnent même des pharmacies pour assurer un minimum de services de garde. Toutefois, la tension reste palpable au sein de la profession, qui redoute une pérennisation de cette situation conflictuelle.

En somme, cette grève nationale symbolise un appel à l’aide lancé par les professionnels de santé pour défendre la viabilité de leurs structures. Face à la pression politique et financière, la résistance persiste, avec l’espoir que l’État reconsidérera une régulation jugée dévastatrice pour le secteur pharmaceutique.

Partager l'article

Articles sur le même thème