Santé Quotidien, votre actualité santé et bien-être

Rapports oraux non protégés : les risques sous-estimés

Illustration d'un préservatif et une digue dentaire accompagnés de symboles médicaux pour représenter les protections lors de rapports oraux et leurs implications en matière de santé.
Alors que les rapports oraux sont souvent perçus comme moins risqués, ils ne sont pas sans danger. Cet article explore les raisons de la non-utilisation de protections lors de ces pratiques et les infections possibles qu'elles peuvent transmettre.

Les rapports oraux, souvent perçus comme des pratiques intimes de moindre risque comparés aux rapports vaginaux ou anaux, suscitent pourtant des interrogations quant à leur sécurité. En plein été, période propice aux rencontres et à la multiplication des relations éphémères, l’absence de protections lors de ces pratiques demeure préoccupante. Mais pourquoi si peu de personnes utilisent des préservatifs ou des digues dentaires lors de fellations ou cunnilingus ? Cet article se penche sur ce phénomène et les dangers potentiels engendrés par une protection insuffisante.

Des risques souvent minimisés

Bien que le risque de transmission du VIH soit très faible lors de rapports oraux, cela ne signifie pas pour autant que ces pratiques sont sans danger. En effet, d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) telles que les chlamydias, les gonorrhées et la syphilis peuvent facilement se propager lors d’une fellation ou d’un cunnilingus non protégé. Malgré ces risques, de nombreux individus continuent de négliger l’utilisation de protections, invoquant souvent la diminution du plaisir ressenti comme principale raison.

Un manque de prévention généralisé

Selon certaines enquêtes, la majorité des personnes interrogées avouent ne jamais considérer l’utilisation de préservatifs lors de rapports oraux. « Ça ne m’est jamais venu à l’idée », confie Antoine, 35 ans, qui insiste pourtant sur l’importance des rapports protégés lors de pénétrations vaginales ou anales. Marc, de son côté, est bien conscient des risques liés aux IST mais explique que son médecin lui a assuré que le risque de VIH était quasiment nul dans ce contexte. Cette perception erronée contribue à banaliser l’absence de protection.

Les IST bactériennes, une préoccupation persistante

Le professeur Jean-Michel Molina, spécialiste des maladies infectieuses, souligne qu’il est essentiel de différencier le risque de VIH de celui des autres IST. En effet, alors que la transmission orale documentée du VIH et de l’hépatite B est rare voire inexistante, les chlamydias, la gonorrhée et la syphilis représentent un danger réel et présent. Leur transmission est d’autant plus problématique que celles-ci sont souvent asymptomatiques, augmentant ainsi les probabilités d’une propagation silencieuse.

L’épineuse question de la sensibilité lors des rapports protégés

La réticence au port de protections lors de rapports oraux est souvent justifiée par la perception de leur impact négatif sur les sensations. « Faire mettre un préservatif pour une fellation, c’est impensable », admet Pauline, 32 ans. Marc se rappelle d’une expérience où il avait reçu une fellation protégée et en garde un souvenir mitigé : « L’image est excitante mais les sensations sont absentes. » De plus, l’utilisation de digues dentaires est souvent perçue comme peu séduisante et maladroite.

Des solutions pour une meilleure prise de conscience

Face à cette négligence généralisée, il est crucial de promouvoir une meilleure éducation quant aux risques réels des rapports oraux non protégés. Le professeur Molina recommande aux partenaires de pratiquer régulièrement des dépistages des IST, notamment dans les contextes de nouvelles relations ou de sexualité multiple. Depuis 2023, des tests sont disponibles sans ordonnance et gratuits pour les moins de 26 ans, une initiative encourageante pour inciter à une pratique sexuelle responsable et sécurisée.

Accepter le risque ou repenser ses habitudes ?

Certains individus, comme Marc, estiment que les recommandations de protection peuvent devenir contre-productives en banalisant le danger et en diminuant le plaisir. « Si on en vient à lécher du plastique et à ne plus avoir de plaisir, on franchit une étape qui est délétère. » Toutefois, cette vision met en lumière le besoin pressant d’un équilibre entre protection et plaisir, avec en toile de fond un débat durable sur la santé sexuelle.

En conclusion, bien que les rapports oraux soient traditionnellement perçus comme plus sûrs, ils ne sont pas exempts de risques sanitaires. La clé réside dans une prise de conscience collective et une éducation renforcée pour éviter que le plaisir n’occulte totalement le besoin de se prémunir contre les IST. Les préservatifs et digues dentaires restent les moyens les plus efficaces pour se protéger et protéger son partenaire lors de telles pratiques.

Partager l'article

Articles sur le même thème