La lutte contre le VIH/SIDA pourrait subir un recul dramatique en raison de la baisse soudaine des aides humanitaires des États-Unis. Ce sombre avertissement provient d’un rapport récent présenté par l’Onusida en Afrique du Sud. Selon l’agence onusienne, la réduction des financements est comparable à une « bombe à retardement », menaçant d’anéantir les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies.
Une crise sanitaire imminente
En 2024, près de 31,6 millions de personnes bénéficiaient d’un traitement antirétroviral, un chiffre considérable par rapport à la situation en 2010, année où le nombre de décès liés au sida avait été drastiquement réduit. Toutefois, cette avancée est mise en péril par la décision du gouvernement américain de couper ses financements. Des actions qui, selon le rapport, pourraient ramener le niveau de la pandémie aux débuts des années 2000, période fortement meurtrière.
Winnie Byanyima, la directrice exécutive d’Onusida, a exprimé son inquiétude face à cette situation. Elle a souligné que « la question de savoir si l’investissement valait le coup ne se pose pas, car cela continue de sauver des vies. » Depuis son introduction, le plan d’urgence présidentiel de lutte contre le sida (PEPFAR), principalement financé par les États-Unis, a permis de sauver des millions de vies.
Des chiffres alarmants
L’Onusida avait évalué précédemment que l’arrêt de PEPFAR entraînerait plus de six millions de nouvelles infections et 4,2 millions de décès liés au sida sur une période de quatre ans. Cette perspective effrayante a été renforcée par les pertes financières que commencent déjà à ressentir les organisations dirigées par des femmes, qui représentent plus de 60 % des initiatives de lutte contre le sida. Beaucoup ont dû suspendre leurs services faute de financement.
Un impact global
Cette situation n’impacte pas que les États-Unis. En Afrique du Sud, où la prévalence du VIH est parmi les plus élevées du monde, des recherches médicales cruciales sur la prévention et de nouveaux traitements ont été interrompues. Les efforts autrefois prometteurs pour maîtriser la maladie risquent de s’effondrer, exacerbant les souffrances des populations les plus vulnérables.
La décision américaine est survenue soudainement, déplorent les experts. Cette « surprise » budgétaire pourrait inverser les gains réalisés, surtout dans les régions où les infrastructures sanitaires dépendent fortement des aides internationales. L’absence de fonds compromet la capacité de nombreuses organisations à offrir un soutien essentiel, particulièrement en matière de distribution de traitements antirétroviraux.
Interrogations et inquiétudes
Les organisations non-gouvernementales sont en alerte, appelant à une mobilisation rapide des donateurs internationaux pour combler le vide laissé par les États-Unis. La dépendance à l’égard de ce financement s’est avérée critique pour maintenir non seulement les traitements mais aussi les innovations dans la recherche de nouvelles méthodes de prévention.
Les répercussions de cet arrêt de financement pourraient également compromettre les objectifs mondiaux de lutte contre le VIH/SIDA et fragiliser la prévention de futures pandémies. L’éradication de la maladie demeure une priorité pour l’agenda international de la santé publique, mais de telles initiatives sont irréalisables sans un soutien financier permanent et constant.
La communauté internationale est à un tournant, incitée à repenser ses stratégies de financement afin d’empêcher une régression sanitaire significative. Des voix s’élèvent pour demander un engagement mondial plus équitable et inclusif.