Face à une forte croissance des dépenses liées aux arrêts de travail, le Medef a récemment proposé plusieurs mesures visant à réduire ce phénomène et à alléger son impact sur les finances publiques. Depuis 2019, les indemnisations des arrêts de travail ont connu une augmentation annuelle moyenne de 6,3 %, atteignant un total de 10,3 milliards d’euros en 2023. Ce constat a poussé le Medef à suggérer une série de réformes audacieuses destinées à maîtriser cette expansion.
Propositions pour une réforme des jours de carence
Parmi les propositions phares du Medef, l’idée d’introduire un ou plusieurs jours de carence non indemnisés par la Sécurité sociale et non pris en charge par les employeurs a été présentée. Cette mesure signifierait que le salarié en arrêt de travail ne percevrait ni salaire ni indemnités pour le ou les premiers jours d’absence, renforçant ainsi la responsabilité individuelle et encourageant les travailleurs à réduire les absences non justifiées. De plus, le Medef propose que cette indemnisation par l’entreprise ne soit plus applicable au-delà de trois arrêts de travail dans l’année civile, une méthode déjà en usage dans le secteur bancaire.
Renforcement du contrôle médical
En parallèle, le Medef insiste sur le renforcement du contrôle des prescriptions médicales. Les médecins ayant un taux de prescription élevé seraient soumis à un contrôle rigoureux pour garantir le strict respect des préconisations selon la pathologie. Si ces mesures de contrôle se révélaient inefficaces, il est proposé de limiter le volume d’arrêts de travail délivrés par un praticien sur une période donnée ou de soumettre sa pratique à une validation systématique par un médecin-conseil d’Assurance maladie. En cas de récidive, une interdiction temporaire de délivrance d’arrêts pourrait être envisagée.
Suivi des arrêts longs
Une attention particulière est également orientée vers les arrêts de travail de longue durée, particulièrement ceux causés par des troubles musculosquelettiques ou psychologiques. Ces types d’arrêts nécessitent un suivi et un encadrement accrus pour assurer un retour au travail optimal et évaluer la nécessité d’interventions préventives.
Réaction et recommandations de la CPME
D’autres acteurs économiques, tels que la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), partagent également le souci de réglementer l’absentéisme. Ils préconisent une carence de trois jours, s’appliquant aussi bien dans le secteur public que privé, et un encadrement rigoureux des conditions et des résultats des vérifications liées aux arrêts de travail. Ces mesures visent à limiter la pression financière sur les petites entreprises et à optimiser la gestion interne des ressources humaines.
Position de l’Assurance maladie
Précédant ces propositions patronales, l’Assurance maladie avait déjà exprimé ses préoccupations concernant les déficits croissants liés aux indemnités journalières, suggérant de limiter les durées d’arrêt prescrites. Pour les cas sortant d’hospitalisation, un plafond d’un mois pourrait être stipulé, tandis qu’en cabinet de ville, la durée serait ajustée à quinze jours renouvelables, contribuant ainsi à une plus grande cohérence dans la gestion des arrêts de travail au quotidien.
Face à l’enjeu économique majeur que représentent les arrêts de travail, toutes ces mesures visent à instaurer un cadre plus rigide et plus équitable pour les salariés, les employeurs et les organismes de santé. En optant pour un contrôle et une gestion rationalisés, le Medef espère ainsi concilier l’impératif de santé publique et les réalités économiques actuelles, tout en prenant en compte les spécificités de chaque secteur d’activité.