Dès le 1er juillet, un nouveau pas vers une France plus saine et moins enfumée sera franchi avec l’interdiction de fumer dans divers espaces publics comme les plages et les parcs. Cette initiative, annoncée par Catherine Vautrin, la ministre de la Santé, fait suite à de nombreuses campagnes de sensibilisation contre les méfaits du tabac.
Cependant, un élément majeur a été écarté de cette nouvelle législation : les terrasses de cafés et de restaurants. En effet, bien que les associations anti-tabac saluent la démarche générale, elles expriment leur regret quant à l’absence de mesures concernant ces espaces souvent fréquentés par des fumeurs et des non-fumeurs, mêlant ainsi allégrement tabagisme actif et passif.
Des avancées saluées… mais incomplètes
Les nouvelles interdictions s’inscrivent dans le cadre du programme national de lutte contre le tabac et sont largement applaudies par les organisations de santé. Alexandre Markovic, directeur exécutif de Demain sera non-fumeur, a exprimé son approbation en soulignant l’impact positif attendu sur la santé publique et l’environnement, notamment avec l’interdiction de fumer sur les plages cet été.
Malgré ces progrès, l’absence de réglementation sur les terrasses laisse un goût d’inachevé aux militants. Selon eux, laisser la cigarette en terrasse continue d’exposer les travailleurs de la restauration et les clients au tabagisme passif, un phénomène reconnu pour ses dangers sur la santé, tels que les maladies cardiovasculaires et respiratoires.
Un faux débat autour des libertés individuelles
Les défenseurs du maintien des cigarettes en terrasse évoquent souvent la liberté individuelle comme argument principal. Pourtant, de nombreux experts en santé publique estiment que ce droit ne doit pas primer sur le droit à un air sain. Comme le rappelle Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le tabac, la même opposition avait été constatée avant l’interdiction de fumer dans les lieux collectifs en 2006, sans qu’aucune catastrophe économique ne s’ensuive pour les établissements concernés.
Impact économique et attitudes des restaurateurs
Les terrasses attirant souvent une clientèle variée, la question de l’impact économique d’une interdiction totale de fumer reste centrale. Néanmoins, des initiatives telles que « Ma terrasse sans tabac » démontrent depuis 2019 que les restaurants volontaires n’ont pas souffert d’une baisse de fréquentation. Cette approche proactive permet à de nombreux restaurateurs d’anticiper un changement inéluctable des normes sociales.
Avec une majorité de non-fumeurs en France, il semble logique de supposer que la demande pour des espaces sans tabac pourrait en réalité augmenter. Les sondages indiquent déjà un soutien notable de la population pour ces mesures de restriction sur les terrasses.
Les enfants au cœur des préoccupations
L’un des arguments principaux pour ces nouvelles restrictions est la protection des enfants. Toutefois, certains acteurs du débat estiment que l’argument est utilisé comme un alibi pour mettre en place des interdictions partielles. Selon Delphine Tharaud, spécialiste des discriminations, cette mise en avant des enfants risque de créer une fracture entre ceux qui fument et ceux qui choisissent de ne pas le faire, sans pour autant résoudre les problèmes de fond liés au tabagisme passif.
Afin de contrer efficacement le tabagisme, il est primordial de renforcer la législation existante, comme l’interdiction de vente de tabac aux mineurs, et d’envisager des initiatives plus ambitieuses telles que la « décommercialisation progressive » du tabac, déjà discutée au Royaume-Uni. Ces mesures viseraient à diminuer progressivement la consommation, jusqu’à potentiellement interdire complètement la cigarette.
En conclusion, la lutte contre le tabac en France est sur la bonne voie avec ces nouvelles initiatives, mais un effort supplémentaire reste nécessaire pour une application plus étendue et efficace des mesures de santé publique. Les terrasses pourraient bien être le prochain champ de bataille pour ceux qui militent pour un quotidien sans fumée.