Les récentes découvertes de poliovirus dérivés de souches vaccinales dans les eaux usées de grandes villes à travers l’Europe ont conduit à une vigilance accrue de la part des autorités sanitaires. Des prélèvements effectués en Pologne, Espagne, Allemagne, Finlande et Royaume-Uni révèlent la présence de ces virus dans des zones densément peuplées. Bien que la polio ne circule plus activement dans ces régions et qu’aucun cas humain n’ait été signalé, ces découvertes sont jugées préoccupantes.
Poliovirus : une menace persistante
La présence des poliovirus de type 2 (VDPV2) découle de souches vaccinales utilisées par le passé et ces virus sont génétiquement apparentés à ceux initialement identifiés au Nigéria. Cette situation souligne le potentiel de réintroduction du virus dans des populations où la vaccination n’est pas optimale. Actuellement, il n’y a pas eu de transmission locale confirmée, mais le risque de propagation demeure, surtout dans les communautés peu vaccinées.
Le rôle crucial de la vaccination
Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) insistent sur l’importance d’une couverture vaccinale élevée pour minimiser les risques sanitaires. Selon leurs estimations, environ 600 000 enfants âgés de 12 à 23 mois sont insuffisamment protégés avec moins de trois doses de vaccin DTP en Europe. Dans les pays où les taux de vaccination sont inégaux ou insuffisants, le risque de circulation virale est plus significatif.
Surveillance et prévention
Face à ces menaces, les autorités sanitaires appellent à une vigilance renforcée, tant sur le plan clinique qu’environnemental. Les programmes de vaccination doivent être intensifiés pour vérifier et mettre à jour les statuts vaccinaux, surtout parmi les enfants et les populations migrantes, souvent moins bien vaccinées. L’objectif est clair : maintenir une immunité collective forte avec plus de 90 % de couverture vaccinale à trois doses à travers toute la région pour prévenir toute résurgence du virus.
Défis et objectifs mondiaux
La lutte contre la poliomyélite continue d’être un défi mondial. Bien que l’Europe soit déclarée exempte du virus depuis 2002, son éradication mondiale reste à être atteinte. Des foyers de polio sauvage persistent, notamment en Afghanistan et au Pakistan, tandis que des virus dérivés de souches vaccinales continuent de circuler dans plusieurs pays à travers le monde. Cette réalité impose le maintien de mesures de surveillance strictes et la mise en place de campagnes de vaccination ciblées pour répondre aux menaces existantes.
Des cas récents de paralysie liés à ces virus ont été observés entre 2021 et 2024 dans diverses régions, telle qu’en Ukraine, Israël, Gaza et même à New York, illustrant la possibilité d’une circulation discrète mais dangereuse du poliovirus, même dans les pays historiquement exempts de maladie.
Situation en France
En France, bien que le risque de poliovirus soit considéré comme faible grâce à une couverture vaccinale élevée, la vigilance reste de mise. Des actions sont mises en place pour relancer la surveillance de routine des poliovirus, comme le démontrent les initiatives en Guyane en 2024. Ce territoire a récemment identifié des VDPV de type 3, soulignant l’importance de la vigilance.
La priorité des autorités françaises est de conserver un taux de vaccination au-dessus de 90 %, mais aussi de s’assurer que tous les secteurs de la population aient un accès équitable à la vaccination, réduisant ainsi les inégalités sociales et sanitaires.
Préparations futures
Bien que la situation en France soit stable, les leçons à tirer de l’échelle mondiale préparent le pays à d’éventuelles réintroductions du poliovirus. Les autorités encouragent un suivi continu et des mesures préventives adéquates pour éviter tout scénario de transmission. La vaccination reste l’arme principale contre la poliomyélite et ses dérivés, et les efforts doivent rester constants pour garantir la santé publique et prévenir tout nouveau foyer de la maladie.
