Le remboursement des cures thermales par la Sécurité sociale est un sujet débattu depuis des années en France. Avec un coût annuel de 350 millions d’euros pour l’État, de nombreuses voix s’élèvent pour remettre en question la pertinence de cette dépense. Les cures thermales, qui bénéficient actuellement d’une prise en charge de 65 à 70 % par la Sécurité sociale, sont considérées comme essentielles par certains, mais superflues par d’autres.
Un Débat Économique et Médical
En France, environ 600 000 cures thermales conventionnées ont lieu chaque année, impliquant principalement des seniors. Selon les défenseurs du remboursement, les cures permettent non seulement de réduire la consommation de médicaments, mais aussi de soutenir l’économie locale. Les établissements thermaux sont souvent des piliers économiques dans les petites localités, générant des milliers d’emplois directs et indirects. Cependant, la Cour des comptes argue que l’efficacité médicale des cures n’a jamais été clairement démontrée, et que ce manque de preuve scientifique justifie un réexamen de leur remboursement.
Céline Meglioli, directrice des cures thermales d’Enghien-les-Bains, exprime son inquiétude face à un possible déremboursement : « Ce serait la fin de notre activité ». Elle souligne la difficulté pour le secteur de retrouver son niveau d’avant la COVID-19, face à une clientèle réduite, composée principalement de personnes âgées, souvent réfractaires au regroupement. Elle mentionne également des difficultés économiques croissantes, avec l’augmentation du coût de la vie et le recul des remboursements par les mutuelles.
Le Bras de Fer entre Santé et Économie
Les partisans du maintien du remboursement rappellent l’impact économique des cures thermales. Dans certaines régions, l’économie locale dépend presque exclusivement de l’afflux de curistes, qui bénéficient des infrastructures touristiques et de services tels que les restaurants et hôtels. Un rapport du sénateur Jean-Marc Boyer met en avant l’importance des cures pour l’attractivité du territoire. En outre, des études suggèrent qu’un euro investi dans les cures rapporte significativement plus à l’économie locale.
Néanmoins, des voix comme celle d’André Grimaldi, professeur au CHU de la Pitié-Salpêtrière, soutiennent que les cures ne relèvent pas de la médecine conventionnelle et ne devraient donc pas être financées par la Sécurité sociale. Selon lui, le bien-être procuré par une cure pourrait tout aussi bien être atteint par des vacances à la mer ou à la montagne, ce qui pose la question de la légitimité des fonds publics alloués à ces traitements spécialisés.
Des Modèles de Soins en Mutation
Pour s’adapter, les établissements thermaux explorent de nouveaux modèles comme les mini-cures, qui permettent des séjours plus courts et non couverts par la Sécurité sociale. Ces offres attirent une clientèle plus jeune et active, permettant de compenser partiellement la baisse de fréquentation des séjours conventionnels de 18 jours. Enghien-les-Bains propose ainsi des mini-cures de cinq à six jours, qui se diversifient et deviennent un atout pour les établissements thermaux.
La question du remboursement des cures thermales illustre un dilemme persistant entre gestion budgétaire publique et soutien aux territoires. Alors que certains plaident pour une suppression de l’aide, d’autres mettent en avant les intérêts économiques et de santé à long terme. Le débat n’est pas clos, et continue de susciter des discussions au sein des sphères politiques et médicales.
