Une découverte préoccupante de poliovirus dérivés d’une souche vaccinale a été faite récemment dans les eaux usées de plusieurs grandes villes européennes. Cette situation a alerté les autorités sanitaires, dont Santé publique France, qui ont immédiatement renforcé la surveillance de ces virus dans un contexte où l’Europe est officiellement exempte de poliomyélite depuis 2002.
Des détections inhabituelles dans plusieurs pays européens
Les poliovirus de type 2 dérivés d’une souche vaccinale (VDPV2) ont été détectés dans les eaux usées de villes densément peuplées telles que Barcelone, Varsovie, Tampere, ainsi que plusieurs villes en Allemagne et au Royaume-Uni. Bien que la poliomyélite ne soit plus active et qu’aucun cas n’ait été signalé, ces découvertes révèlent un risque potentiel de réintroduction du virus en Europe.
Ces poliovirus sont génétiquement similaires à une souche ayant émergé au Nigéria et qui continue de circuler en Afrique du Nord et de l’Ouest. L’Organisation mondiale de la santé et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) estiment que le risque pour les personnes vaccinées reste faible, mais il est plus significatif pour les populations non ou partiellement vaccinées. Une vigilance particulière est donc recommandée.
Les implications pour la santé publique
La présence de ces virus dans les eaux usées implique des risques de transmission dans les communautés non suffisamment protégées. Bien que jusqu’à présent, aucune propagation locale significative n’ait été confirmée, la surveillance accrue est essentielle pour prévenir toute résurgence. En réaction, les autorités sanitaires rappellent l’importance d’une couverture vaccinale élevée pour maintenir la sécurité collective.
Selon l’ECDC, environ 600 000 enfants âgés de 12 à 23 mois pourraient être exposés au virus en raison d’une vaccination insuffisante. Ce chiffre souligne la nécessité de renforcer les programmes de vaccination, surtout dans les régions où les taux de vaccination sont inférieurs au seuil critique de 90% de couverture avec trois doses de vaccin DTP.
Des stratégies de prévention intensifiées
Face à ce risque, les autorités appellent à des mesures renforcées de surveillance clinique et environnementale, ainsi qu’à des campagnes de vaccination ciblées, notamment pour les populations migrantes et les groupes moins vaccinés. L’objectif est de prévenir toute introduction et propagation du virus, en favorisant l’accès à la vaccination pour tous.
Outre la surveillance des eaux usées, des projets, tels que celui initié par l’ANRS-MIE en France, visent à rétablir une routine de surveillance des poliovirus dans le pays. Ces initiatives sont cruciales pour détecter précocement et empêcher la propagation de virus dérivés.
Le contexte mondial et les leçons à tirer
À l’échelle mondiale, la poliomyélite persiste dans certaines régions, avec des épidémies principalement en Asie du Sud et en Afrique. Des incidents en Israël et à Gaza rappellent la menace constante que représentent les souches dérivées. Ailleurs, comme à New York, des détections dans les eaux usées montrent que même les pays officiellement exempts restent vulnérables à partir de foyers persistants.
Pour les pays européens, y compris la France, maintenir des contrôles stricts, tout en cherchant à atteindre une couverture vaccinale homogène, reste crucial. La France, avec un taux de vaccination élevé chez les nourrissons, doit continuer ses efforts pour couvrir les secteurs où la couverture est moindre : principalement parmi les populations économiquement ou socialement défavorisées.
Conclusion
La détection de poliovirus dans les eaux usées européennes est un rappel sévère de la vigilance nécessaire pour prévenir le retour de maladies que l’on croyait éradiquées. Les mesures en place sont cruciales pour protéger les générations futures, des gestes qui impliquent une responsabilité collective pour maintenir la santé publique à son plus haut standard.